Psychothérapie cognitivocomportementale, qu’est-ce que c’est ?
Le fonctionnement de votre cerveau
Depuis plusieurs années maintenant, des scientifiques s’intéressent aux comportements humains : ce sont les chercheurs en neurosciences dans les laboratoires d’études comportementalistes.
Ces chercheurs ont pu démontrer que nos comportements dans toutes les situations que nous vivons sont en fait des réactions consécutives à un traitement (par notre cerveau et notre corps) de l’information environnementale et interne.
En effet, à chaque évènement que vous vivez, en face de chaque situation, votre cerveau et votre corps vont traiter de l’information.
Comme au travers des mailles d’un tamis
Votre cerveau et votre corps vont faire passer l’information par différents « filtres », comme des tamis spécifiques, afin de vous proposer uniquement les grains de sable les plus fins : la réponse-solution la plus adaptée à ladite situation.
Ces espèces de tamis de l’information sont d’abord issus des caractéristiques neurobiologiques propres à chacun.
Certaines sont génétiques, d’autres arrivent par des modifications induites par votre environnement. D’autres encore sont acquises parce que vous avez vécu certains évènements de vie (parfois des évènements simples, parfois psychotraumatogènes).
Et puis, ils dépendent aussi des caractéristiques de votre personnalité, de vos mémoires implicites (mémoire des expériences vécues, ressenties dans une situation donnée) et de nos mémoires explicites (apprentissage des ressources et solutions qui ont pu avoir un sens pour vous dans une situation donnée).
Mais c’est vraiment plus compliqué que ce que vous pensez
Ces tamis dépendent également parfois des « mémoires traumatiques » et des émotions anciennes liées à ces évènements, qui sont restés séquestrés dans le cerveau parce qu’ils n’ont pu être traités et intégrés comme « des évènements normaux » (ces émotions nous font alors « surréagir » de façon parfois brutale et douloureuse).
Quoi qu’il en soit, toutes ces mémoires sont engrangées dans votre cerveau comme dans un « disque dur ».
Et ce n’est pas tout !
Les filtres prennent également en compte :
- vos modèles éducatifs de l’enfance et de l’adolescence ;
- les automatismes de pensées et de comportements qui sont mis en place naturellement par un cerveau humain (ceux destinés à nous faciliter la vie) ;
- vos capacités neuronales vous permettant d’effectuer, soit du contrôle, soit d’impulser des actions (on est plus ou moins tempéré, plus ou moins impulsif) ;
- vos capacités corporelles à « absorber » : exercice physique, qualité du sommeil, qualité de l’alimentation, utilisation ou non de substances pharmacologiques psychoactives, temps de relaxation, méditation de pleine conscience, qualité de l’entourage affectif, etc.
Ce que cela signifie concrètement
En fonction de tous les mécanismes cités ci-dessus, devant une même situation, chaque humain va la percevoir dans son corps, l’interpréter ou la ressentir émotionnellement d’une certaine façon et avec une intensité variable.
Il va réagir face à cette situation, non au regard de l’évènement lui-même en train de se produire, mais en ayant plus ou moins « transformé cet évènement » par le passage dans ces différents tamis.
On sait donc maintenant que nos émotions, nos perceptions corporelles, nos réactions devant la vie peuvent « troubler » notre vie. C’est ce qu’on appelle des distorsions.
Deux types de réactions possibles
Face aux distorsions induites par ce que vous êtes et ce que vous avez vécu, vous allez réagir :
- soit en cherchant à appliquer une « solution adaptée » à l’évènement (stratégie de résolution de problème) ;
- soit en cherchant d’abord à « soulager l’inconfort » qui vous habite (stratégie d’évitement).
On sait que chez les personnes concernées par des dépendances, voire des addictions, il existe une surreprésentation de ces distorsions.
Cette surreprésentation de réponses à type d’évitement ou de soulagement de l’inconfort s’opère notamment par la consommation d’une substance ou la fuite dans un comportement connu, répétitif, souvent libérateur d’endorphines ou d’autres substances neuro-modulatrices du cerveau.
Les solutions pour la personne dépendante
On a montré que devant ces distorsions, on peut effectuer du soin en psychothérapie cognitivocomportementale de 2e et 3e génération.
Il faut d’abord analyser avec le patient les schémas de pensées, comportementaux, les réactions émotionnelles, les perceptions corporelles : bref, tous les automatismes.
Ensuite, on fait en sorte de favoriser une prise de conscience de ces schémas. Puis, on met en place une rééducation des modes de pensées et comportements : de nouveaux apprentissages se font, devenant à leur tour des automatismes.
Pour mieux gérer le stress et les émotions, on initie le patient à la pratique de la méditation de pleine conscience. Cela le recentre sur la réalité de l’instant présent et sur ses perceptions réelles en lui apprenant à faire le « pas de côté » en face des évènements, à prendre du recul, en accueillant les émotions et en intégrant la bienveillance, d’abord envers soi, ensuite envers l’autre.
Reconnaître une vraie prise en charge de psychothérapie cognitivocomportementale
Les psychothérapies comportementales et cognitives sont des thérapies évaluables et évaluées : le praticien doit vous évaluer en début du soin, et devra pratiquer une nouvelle évaluation en cours et en fin du soin.