Psychothérapie en hypnose clinique, qu’est-ce que c’est ?
Les indications
L’Académie de médecine et la Haute Autorité de Santé (HAS) ont validé l’utilisation la psychothérapie en hypnose clinique pour le traitement de trois éléments :
- les douleurs chroniques importantes et invalidantes ;
- les troubles du fonctionnement de l’intestin ;
- les États de Stress Post-Traumatique (ESPT) en complément de l’EMDR.
Des travaux sont en cours pour d’autres indications.
Les recherches actuelles sur l’hypnose
Les bénéfices de l’hypnose clinique dite médicale, de type ericksonienne, dans le traitement du sevrage tabagique ont été confirmés dans la gestion des émotions et dans l’augmentation de la capacité du fumeur à prendre de la distance par rapport à ses émotions et à ses souffrances morales.
Il n’existe aucune étude validante sur le bénéfice de l’hypnose clinique ericksonienne dans l’initiation du sevrage tabagique ni sur les capacités des ex-fumeurs à développer des stratégies comportementales alternatives au comportement de fumer.
Par conséquent, un professionnel de santé sérieux et vraiment formé à l’hypnose clinique ericksonienne ne pourra pas, sauf en étant malhonnête, vous proposer de « vous faire arrêter de fumer » avec une ou deux séances d’hypnose.
L’hypnose clinique avec l’EMDR
En revanche, on a montré l’intérêt de l’hypnose clinique dans le traitement des psychotraumatismes et des États de Stress Post-Traumatiques (ESPT) chroniques, en particulier en association avec la désensibilisation par les mouvements oculaires (DMMO / EMDR).
C’est d’ailleurs à ce jour le seul vrai traitement de l’ESPT chronique.
Le fonctionnement de la psychothérapie ericksonienne en état d’hypnose
Milton Erickson, médecin psychiatre américain (1901-1981), a développé une approche psychothérapeutique utilisant l’état d’hypnose pour que le sujet entamant cette psychothérapie (l’hypnotisant) aille avec ses propres ressources modifier son rapport et son regard sur ses évènements de vie.
L’objectif est de permettre à la personne de réorganiser ses solutions et de se construire un autre « plan de vie ». Milton Erickson avait compris intuitivement qu’en état d’hypnose (état naturel légèrement modifié de la conscience), le cerveau « ouvre » l’ensemble de ses ressources mémorielles. Ceci est confirmé aujourd’hui par l’imagerie cérébrale dynamique (scanner au glucose par exemple).
Lorsqu’il est accompagné par un thérapeute bienveillant et connaisseur de la dynamique psychique chez l’humain (et des différents contextes de la vie), le cerveau du patient trouve lui-même ses solutions adaptées à sa vie du moment.
Il refait les connexions nécessaires entre ces différentes solutions et ses mémoires et les installe de façon pérenne dans son thésaurus de solutions.
Rien à voir avec « l’hypnose des hypnotiseurs »
On comprend donc que l’approche ericksonienne de la psychothérapie en état d’hypnose (ou hypnose médicale) est totalement opposée à ce qu’on appelle par ailleurs « l’hypnose des hypnotiseurs ».
Dans ce dernier cas, l’hypnotiseur — qui n’est pas psychothérapeute — introduit des suggestions chez l’hypnotisant qui ne sont pas existantes initialement chez ce dernier. C’est en fait une programmation extérieure. Il existe alors un risque majeur d’erreur ou d’inadaptation des solutions à la problématique du patient.
Cela peut-être même contre-productif, voire dangereux. Les hypnotiseurs n’évaluent pas le travail qu’ils réalisent avec leurs hypnotisants et ne les voient souvent qu’une à deux fois.
En hypnose clinique ericksonienne, l’accompagnant ou psychothérapeute formé et certifié par un institut Milton Erickson, ou par un diplôme universitaire, doit pouvoir avancer la qualité de sa formation (300 heures de cours théoriques et pratiques, stages chez un professionnel, supervisions avec un psychothérapeute, examens de validation et mémoire de fin d’études).
La psychothérapie ericksonienne en hypnose clinique est une vraie psychothérapie :
- par objectif ( ce qui suppose que soit réalisée une analyse fonctionnelle minutieuse initiale des demandes et des besoins )
- brève (5 à 10 consultations par problème à résoudre) ;
- des solutions positives, avec des étapes et une démarche de soin construite et structurée ;
- évaluable et évaluée.
- qui suppose avant tout une alliance thérapeutique et une confiance réciproque;
Si vous êtes dépendant ou addict du tabac, ou bien d’un autre comportement, vous pouvez consulter les indications de l’hypnose clinique qui vous concernent dans cet article du Courrier des Addictions.
Si vous cherchez un professionnel de l’hypnose et que vous êtes perdus, lisez le dossier bien choisir un professionnel de l’hypnose.
On n’initie pas un sevrage avec de l’hypnothérapie
Comme indiqué plus haut, initier un sevrage avec de l’hypnothérapie ne sert à rien. En effet, si vous arrêtez de fumer avec une simple séance en hypnose clinique et quelques suggestions post-hypnotiques et que tout va bien dans les semaines et mois qui suivent, c’est que votre dépendance était purement psychocomportementale, sans dépendance pharmacologique.
Dans ce cas, l’hypnose clinique n’est pas la solution et ne sera en aucun cas bienvenue dans votre démarche. Une approche cognitive et comportementale est plus intelligente et surtout plus adaptée dans cette situation, pour prévenir les rechutes à moyen et long terme.
Si vous avez une dépendance psychocomportementale et pharmacologique, ce qui est la grande majorité des cas, et si vous faites une séance de suggestions hypnotiques en pensant que cela suffira, vous serez dans le meilleur des cas en situation de rechute très probablement rapide, et surtout, vous aurez très vite des symptômes de manque.
Des symptômes qui sont par ailleurs invalidants, sources d’insatisfaction, d’inconfort de vie et de rechute à plus ou moins long terme.
Dans ce cas, l’attitude adaptée est de traiter de façon médicale votre dépendance et de voir si il existe une addiction derrière votre dépendance et dans ce cas seulement envisager une psychothérapie en hypnose clinique ericksonienne.
Les indicateurs d’un besoin éventuel de traitement en hypnose clinique quand on est dépendant ou addict
Votre praticien psychothérapeuthe peut vous proposer une psychothérapie ericksonienne en hypnose clinique dans les situations suivantes :
- identification d’un état de stress post-traumatique évident dès le départ, et confirmé par l’interrogatoire médical, la clinique et les échelles d’évaluation psychométriques ;
- identification d’un trouble de la régulation émotionnelle : émotions intenses et état de stress intense, dans certaines situations de la vie, apparaissant comme inadaptées aux évènements, et handicapantes ;
- impossibilité à atteindre une abstinence totale et durable ;
- impossibilité de maintenir une abstinence complète, avec faux pas fréquents ou rechutes répétées liées à des émotions importantes ;
- obtention d’une abstinence complète, mais difficulté à identifier du bénéfice à avoir quitté le tabac ou le comportement addictif : vous ne percevez pas de « gain » à avoir arrêté de fumer ;
- glissement de la dépendance initiale (tabac, par exemple) vers une autre dépendance (alcool, sport ou jeu, par exemple). Vous dites alors : « Je crois que je serais addict toute ma vie et que je ne peux vivre sans une addiction » ;
- apparition, après le passage en abstinence plus ou moins complète, de plaintes somatiques : le corps parle alors très fort, il se manifeste et dit la souffrance de l’esprit quand on ne l’a pas entendue. Peuvent survenir, par exemple, une constipation opiniâtre et durable, des phénomènes douloureux apparemment très organisés, des céphalées inexplicables ou bien des problèmes digestifs majeurs, des troubles du sommeil, etc.
Les indicateurs d’un besoin éventuel de traitement en hypnose clinique quand on n’a pas de problématique addictive
La grande indication de ce type de psychothérapie est indéniablement, toutes les manifestations de ce qui se révèle être, après évaluation, une ou des manifestations cliniques d’un état de stress post-traumatique chronique.
L’évènement traumatogène unique ou récurrent qui vous a concerné est parfois, à vos yeux, négligeable.
Certains patients disent en effet : « Oui, mais docteur, ce que j’ai vécu, à côté de ce que vivent certaines personnes, c’est si peu, ce n’est pas si grave ! ».
Ce qui a été source de traumatisme pour une personne donnée ne l’est peut-être pas pour une autre. C’est toujours le symptôme, en insistant, en ne trouvant pas de solution évidente, qui « nous fait signe ».
Bien évidemment, tous les troubles de la régulation émotionnelle et tous les stress qui répondent mal aux traitements pharmacologiques (ou que vous ne voulez plus traiter par des médicaments) sont les indications à cette thérapie brève qu’est l’hypnose clinique.
Exemple no 1 : « Docteur, je suis toujours en colère et je m’emporte pour un rien, ce n’est pas normal » ou bien « Je ne sais pas être détendu, cool dans ma vie, et mes proches trouvent cela lourd ».
Exemple no 2 : « J’ai depuis toujours une profonde tristesse en dedans de moi. Je sais qu’en même temps, je ne suis pas en dépression, c’est bizarre ».
Exemple no 3 : « Ma femme me dit que je suis comme un petit garçon apeuré, qui ne s’engage pas, qui ne prend jamais de décision, et c’est vrai, je laisse pourrir des situations et ensuite, je suis dans des problèmes encore plus importants ».
Exemple no 4 : « Je tombe toujours sur le même type de mecs, qui me donnent l’impression de ne jamais être respectée, comme si je ne valais rien, que je n’avais pas le droit d’être heureuse dans ma vie affective ».
Exemple no 5 : « Mon mari veut un enfant et je ne sais pas pourquoi, je recule toujours, toujours, en fait je crois que j’ai peur de devenir maman ».
Exemple no 6 : « Je dors mal, je suis angoissé, cela me réveille plusieurs fois dans la nuit, parfois avec des cauchemars qui parlent toujours de la même chose ».
Exemple no 7 : « Depuis quelque temps, j’ai peur de prendre ma voiture pour faire de grands trajets en autoroute, c’est invalidant, car cela me freine dans plein de projets et en plus je ne comprends pas ce qui m’arrive ».
Les autres exemples sont nombreux.
L’alexithymie, un trouble fréquent
Un trouble particulier de la régulation émotionnelle est l’alexithymie. Ce trouble, les études l’ont montré aujourd’hui, est corrélé de façon significative avec le syndrome du stress post-traumatique.
Il se caractérise par une difficulté pour certaines personnes à avoir accès à leurs émotions, à mettre un nom sur leurs émotions, à ressentir même des émotions ou à avoir de l’empathie avec les autres.
L’alexithymie a quatre composantes caractéristiques :
- une incapacité à reconnaître, identifier et exprimer verbalement ses propres émotions ;
- une vie imaginaire très limitée, notamment l’aptitude à la rêverie diurne (dans la journée) ;
- une tendance à recourir à l’action pour éviter ou résoudre les conflits ;
- une description verbale pauvre, stéréotypée, répétitive et basée uniquement sur des faits ainsi qu’une incapacité à décrire les situations abstraites ou fantasmées.
L’alexithymie peut être une des manifestations de la dissociation traumatique (surtout lorsque le phénomène dissociatif est très important). C’est-à-dire que la personne paraît distanciée des choses de sa vie ou de ce qui l’entoure, comme indifférente, « apparemment pas atteinte par ce qui touche les humains de son entourage ».
On parle parfois de « déficit ou silence émotionnel ». C’est en fait un processus adaptatif que le cerveau a mis en place comme mécanisme de défense devant des évènements traumatiques plus ou moins anciens, trop douloureux, comme si le cerveau avait installé une muraille, un blindage total, pour ne rien ressentir, plutôt que de ressentir ou revivre les douleurs des réactivations traumatiques.
Faites-vous confiance
Que vous soyez concerné par une trop grande sensibilité émotionnelle ou au contraire par une absence apparente d’émotions ou d’affects, alors, faites confiance à vos « intuitions ».
Si devant votre difficulté, votre souffrance, vos symptômes, vous sentez que l’hypnose clinique (qui permet de travailler à partir de vos ressources intuitives et expérimentales) est la solution pour vous, alors venez vous ouvrir au médecin ou au psychologue psychothérapeute ericksonien de votre choix.
Reconnaître une vraie prise en charge de psychothérapie ericksonienne
Un vrai psychothérapeute ericksonien « ne saute pas sur le moindre symptôme » en appliquant des « recettes » toutes faites.
Il prend, avant d’agir ou de vous faire une proposition de soin, le temps d’analyser correctement votre besoin. Des explications sur les mécanismes cérébraux vous seront données : un patient qui comprend d’abord est beaucoup plus tranquille pour faire de l’hypnose clinique et son cerveau se consacre alors plus facilement à guérir ; il est « partie prenante totale des voies empruntées pour aller vers la guérison ».
Un psychothérapeute ericksonien est un partenaire du patient : tout se passe dans une forme de « danse » avec l’hypnotisant. Le thérapeute active le travail du cerveau, assure la sécurité du patient, facilite la recherche et la réorganisation des solutions propres au sujet pendant le travail, puis leur installation dans le nouveau « mémoriel » de l’hypnotisant.