Sevrage tabac, alcool, cannabis, drogue, comportement :
Comprendre l’addiction pour en guérir
Le Docteur Errard vous l’explique en vidéo
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Que vous soyez adulte ou adolescent, jeune usager ou de longue date, enceinte, malade ou très bien portant ; que vous décidiez vous-même de quitter une pratique addictive, ou que vous vous y sentiez poussé(e), par un proche ou un médecin, ce qui compte, c’est déjà de se reconnaître soi-même comme addict ou dépendant de ce comportement (qu’il y ait usage ou non d’une substance).
Cette prise de conscience se fait parfois après des années de « compagnonnage agréable et apparemment bénéfique » avec un produit (tabac, cannabis, alcool, médicaments, opiacés, produits psychostimulants ou sédatifs…) ou avec un comportement (comportement sportif, de jeu, alimentaire, d’achats compulsifs, d’usage des outils électroniques ou des claviers…).
Vous réalisez un jour que vous avez perdu le contrôle, soit du nombre d’usages, soit de l’argent et de l’énergie que vous y mettez, ou du temps que vous y passez.
Vous réalisez que vous consommez plus souvent ou plus que ce que vous prévoyiez.
Les répercussions de vos consommations — bien que réelles et ennuyeuses pour vous ou pour votre entourage — ne suffisent pas à vous conduire vers l’arrêt et vous vous dites « Je croyais que je maîtrisais, mais en fait, non ».
Vous êtes alors comme la très grande majorité des personnes devenues dépendantes : vous avez vraiment envie de sortir de cet « enfer » de l’addiction où le comportement a pris le pouvoir sur vous, mais votre volonté n’y suffit plus.
Vous êtes dépendant et dans le désir de passer à autre chose. Toutefois, comme tous les addicts, vous craignez de ne pas savoir vivre sans, vous craignez de ne pas vous reconnaître dans cette autre personne qui ne consommerait pas.
Vous avez essayé des « petits trucs, des petits pas », que vous pensez avoir été inutiles. En fait, ce n’est pas vrai du tout : toutes ces expériences vers l’arrêt du tabac ou de toute autre addiction, c’est toujours le signal que vous n’êtes plus « heureux » dans ce comportement, et que vous vous lancez dans un changement.
Valorisez ces essais comme un signal qu’il est temps pour vous de passer à autre chose.
Toujours, d’abord, on se teste, on se dit qu’on peut le faire seul, ce sevrage. Et d’ailleurs, parfois, ça marche.
Bingo, dans ce cas c’est gagné !
On se maintient alors dans l’abstinence, seul, dans cette « nouvelle vie » : on y est si confortable, cela n’est pas difficile, et n’entraîne aucune conséquence ennuyeuse. On devient un ex-fumeur, un ex-usager. On est fier de soi.
Parfois, en effet, on essaie seul et on n’y arrive pas. Ou alors, on n’y parvient que quelques jours, quelques semaines, quelques mois. Ou bien, on a tellement d’inconvénients à avoir arrêté qu’on remet en question notre décision.
Ce doute, ou la rechute sont inhérents au processus addictif., signalant qu’on n’est pas seulement usager d’un produit ou d’un comportement, mais dépendant, voire addict.
Vous savez par conséquent qu’il est nécessaire de vous faire aider par un professionnel de l’addiction : un addictologue, un tabacologue, un alcoologue, etc. Alors ensuite, comment pouvez-vous faire la différence entre simple dépendance et addiction ?
Vous avez développé des automatismes conditionnés et vous consommez systématiquement dans certaines circonstances, certains lieux, dans certaines situations. Vous avez le sentiment que votre usage vous permet ceci ou cela, et que sans lui, ce n’est pas possible.
Si vous êtes dans ce cas, vous avez au moins une dépendance psychocomportementale. On traitera alors votre dépendance par des approches cognitivocomportementales.
À chaque fois que vous essayez de réduire fortement la fréquence de vos usages ou de vos comportements, à tous les coups, vous avez des manifestations de sevrage telles que : nervosité, agitation, agressivité, fatigue, irritabilité, baisse de la concentration intellectuelle, ou des troubles de la mémoire ou de l’attention.
Parfois, vous avez une modification de votre appétit ou de votre poids ; parfois des douleurs digestives ou musculaires, des céphalées, ou alors, vous « glissez » vers d’autres usages (alcool, trouble des conduites alimentaires, jeux, achats compulsifs).
Si vous êtes dans ce cas, vous avez, en plus d’une dépendance psychocomportementale, une dépendance pharmacologique et chimique : votre cerveau ne peut plus fonctionner correctement si certaines substances psychoactives ne lui parviennent pas.
Il faudra alors « soulager » momentanément votre cerveau par la prescription de traitements de substitution. Vous justifierez d’un traitement psychocomportemental et pharmacologique (médicaments prescrits temporairement).
Vous vous rendez compte que vous êtes hypersensible et hyperréactif, ou au contraire apparemment « trop détaché ou trop distancié », ou comme « anesthésié émotionnellement, blindé, dans une carapace protectrice ».
Vous avez du mal à réguler vos réactions émotionnelles en face de certains évènements ou situations de votre vie.
Si vous êtes dans ce cas, vous êtes peut-être concerné par ce que l’on appelle un « trouble de la régulation émotionnelle ».
Et si vous constatez qu’en face de ces réactions émotionnelles, vous ne pouvez faire autrement que de consommer votre produit ou de reproduire votre comportement (dans l’espoir d’être soulagé de cette émotion trop forte, ou trop douloureuse, ou pour vous aider à passer ce cap) alors vous avez sans doute également une dépendance et une addiction.
À noter que ce phénomène du trouble de la régulation émotionnelle est très corrélé à l’existence d’évènements traumatiques de l’enfance ou de la vie d’adulte : accidents de la vie, violences, abandons réels ou ressentis comme tels, indifférence affective, des négligences graves, etc.
Ici, le trouble de la régulation émotionnelle est un des symptômes plus larges qu’on appelle l’État de Stress Post-Traumatique (ESPT).
Dans ce cas, en plus des traitements psychocomportementaux, pharmacologiques, et surtout si on ne veut plus de rechute de l’addiction, il sera sans doute nécessaire d’ajouter une prise en charge en hypnose clinique et en EMDR / DMMO (désensibilisation par les mouvements oculaires).
L’objectif est de désensibiliser et guérir les vieilles blessures traumatiques du passé pour repartir sur un socle sécurisé et stable sur lequel on peut installer et construire des solutions et de nouveaux projets de vie.
Si vous êtes fumeur dépendant, vous avez besoin sans doute d’un accompagnement en tabacologie et cela est encore plus vrai s’il existe une addiction avec trouble de la régulation émotionnelle.
Un médecin tabacologue saura faire un diagnostic médical de la dépendance et tenir compte précisément du contexte médical qui est le vôtre (ex. : si vous êtes diabétique, malade cardiaque, enceinte, allaitante, allergique, malade de la glande thyroïde, si vous prenez des médicaments qui peuvent avoir des interférences avec le sevrage tabagique ou si vous avez déjà connu un état dépressif, anxieux, etc.).
Il est préférable que le professionnel qui vous accompagne soit professionnel de santé, si possible un médecin, et surtout qu’il puisse vous assurer qu’il est au mieux diplômé en tabacologie (diplômes universitaires en tabacologie et aide au sevrage) ou en addictologie (diplômes universitaires en addictologie) ou qu’il s’est formé par de la formation continue validante en tabacologie.
Seul un professionnel diplômé en tabacologie ou addictologie, portant sur sa plaque ordinale cet intitulé, peut se prétendre « tabacologue » ou « addictologue ».
Un professionnel de santé formé et certifié pour la prise en charge des fumeurs dépendants est habilité et autorisé par la loi, depuis 2016, à prescrire les traitements du sevrage tabagique, qui vous seront alors remboursés.
La prise en charge médicale du sevrage tabagique par ce professionnel de santé est une pratique évaluable et évaluée. Il doit effectuer des évaluations (initiale, en cours de sevrage et finale), du travail accompli et fournir des éléments médicaux attestant de son suivi, des résultats obtenus, avec des indicateurs consensuels de la prise en charge en tabacologie.
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